17 mars 2008

Lucheux-Naours. Lundi 17 Mars 2008. (rando 6kms)

Le ciel sera clément toute la journée. Dans la Somme, les champs sont gorgés d’eau et les villages, malheureusement se meurent.
Nous voici à Lucheux.
Nous sommes aller voir le célèbre « Arbre des épousailles », deux tilleuls soudés en un seul tronc, classé aux Monuments Historiques. Il est âgé de trois cents ans. Un dicton populaire dit : Premier passé (sous l’arbre), maître sera (dans le ménage). Bien sûr, les dames ont devancé leur mari… Mieux vaut tard que jamais !. Une longue montée dans la nature, une descente plus facile et nous visitons Lucheux, une toute petite cité moyenâgeuse. Le beffroi,13ième siècle, tour de guet, rappelle la tour du Gros-Horloge de Rouen. Jeanne d’Arc y fût enfermée deux jours avant d’être emmenée à Rouen. En poussant la porte de la petite église romane (1140) dédiée à St Léger, martyr décapité, on admire les voûtes du chœur. Elles sont ornées de curieux motifs et compteraient parmi les ogives les plus anciennes du Nord. Les chapiteaux du 12ième siècle évoquent les péchés capitaux par des scènes à l’expression vigoureuse. Un Judas symbolise l’avarice, la colère, par Goliath à qui deux hommes tirent la moustache, l’usurier serre sa bourse sur sa poitrine, les gros gourmands, assis, ne savent plus se relever… et partout des animaux inquiétants, dragons griffus, loups, serpents. Le Château surplombe la vallée. Son entrée est flanquée de deux tours à poivrières, le logis attenant est occupé par un établissement pour enfants. Un peu plus loin, les ruines de baies géminées, de fines colonnettes sont les seuls témoins de la grande salle d’apparat des comtes de Saint Pol. Au dessus, sur la colline, les murs du puissant donjon démantelé par Richelieu .
A Lucheux, la mairie et beaucoup de maisons « rouges barres » ont un cachet particulier. Nous n’avons pas vu de magasins, de nombreuses habitations et même l’étude du notaire sont à vendre !.
Les cars nous emmènent à Naours pour un déjeuner picard avant la visite du site.
La Cité Souterraine de Naours était au 3ième siècle une carrière avant de devenir un refuge pour les populations attaquées par l’ennemi. Mais, attention, si vous êtes claustrophobe, si vous n’êtes pas muni d’une bonne lampe de poche, si vous n’avez pas un plan, danger!…. Nous avons rencontré au cours de la visite guidée des individuels qui cherchaient leur chemin !. Voyez plutôt : il y a 28 galeries (2000m de long) avec 300 chambres, 3 places publiques, 3chapelles, le tout réparti sur 30.000 m2 sur plusieurs étages!.
En 780, dans une chartre de l’abbaye de Corbie, on lit : « les ennemis en arrivant au village n’y trouvent jamais les habitants, ceux-ci disparaissent à croire qu’ils s’enfoncent dans la terre comme des fourmis »Et, c’est-ce qu’ils faisaient pour échapper lors des invasions ou des guerres, (la guerre de 30 ans par exemple) . Des milliers de mètres cubes ont été dégagés manuellement. « Un village au-dessus, un village au-dessous ». Ce village sera redécouvert et redégagé par l’abbé Danicourt en 1886 et 1887 pour que, nous, ariciens, puissions « faire un voyage extraordinaire dans un autre temps ».
L’ennemi est en vue !.La population atteignant parfois 2500 à 3000 âmes gagne la cité souterraine avec provisions, lampes à huile, vêtements, outils, cheptel…. Tout ce qui est nécessaire pour survivre pendant plusieurs jours, certains habitants y sont demeurés deux mois. Les familles se répartissent par rues, elles-mêmes organisées par quartiers.
Nous entrons dans une des chambres qui pouvaient accueillir 4 à 12 personnes , on y trouve des niches et des rainures pour portes creusées dans le calcaire. La chapelle est à trois nefs, autel et figure de Christ sont taillés dans la pierre. Après l’office, rendez-vous sur la place publique. Dans trois de ces places, l’abbé Danicourt fera placer une statue de la Vierge et deux colonnes souvenir. Les bouchers avaient leurs tables à découper, on cuisait le pain dans les fours. Les étables accueillaient les animaux, moutons et entre 1750 et 1830 les ânes des faux sauniers se cachant des gabelous. La cheminée d’aération que nous voyons est impressionnante. De un mètre de diamètre à sa base, elle s’élève jusqu’à trente et un mètres. Les conduits traversent la colline pour affleurer, à l’origine, la terre des champs puis, étant trop facilement repérables, ces conduits sont déviés à 7 ou 8m de la surface sur ceux des maisons de meuniers.Les galeries reliant les étages étaient semées de pièges tels des passages étroits, coudés, ou rabaissés obligeant les ennemis de se présenter un à un et dans l’incapacité d’utiliser leurs armes. Dans un autre coin, d’une rambarde, on pouvait jeter de l’huile bouillante. La température est toujours égale à 9°5. Les seuls animaux qui se « muchent » sont des chauves-souris. Cette cité a servi d’abri en 1914-1918. De 1941 à 1943, les allemands y ont entreposé des munitions. Les belles collections rassemblées dans la chambre du trésor par l’abbé Danicourt ont disparu avec les derniers occupants. Nous terminons la visite par le Musée du Folklore où les métiers picards sont présentés sous forme de dioramas géants. Revenus à l’air libre, un petit train nous amène sur la colline des Moulins dont le Moulin du Belcan de Linselles.
Excellente journée instructive et… sportive, nos articulations ont bien travaillé !. Bravo, un fois de plus à nos responsables, cette fois-ci Raymond V. et Jacques C.
Françoise H
Photos de Serge S.

Diaporama de JPS

Diaporama de Jacques C.

04 mars 2008

Compte Rendu de la Randonnée Pédestre. Lundi 18 Février 2008. (6kms)

9h45. Malo les Bains : la Mer du Nord, étale, avait des allures de Méditerranée, avec toute une palette de tons bleus, plus foncés à l’horizon, nacrés en bordure de plage où une vague blanche y venait mourir. Les couleurs tendres, le ciel pur contrastaient d’une façon saisissante avec le capuchon ocre rouge foncé stagnant au dessus de Dunkerque Ouest.
Malo va devenir une station balnéaire grâce à Gaspard Malo, riche armateur, à partir de 1865. C’est l’ agglomération de villas datant de 1910 qui présente une débauche d’architecture audacieuse et une décoration pittoresque et fantaisiste, il fallait « être vu ». C’est ainsi que l’Art Nouveau, tout en courbes, se retrouve par exemple à la villa « Quo Vadis ». Certaines villas sont à pignons à pas de moineau ou présentent des bow window en bois, chez d’autres, le fer forgé fort travaillé orne les balcons. Des pingouins sont sculptés en haut d’une habitation. Des statuettes ou des frises en céramique décorent certaines façades.
Des maisons accolées où se jouent les couleurs des briques jaunes et rouges, ou celles de céramiques rouges, jaunes et bleues créent des ensembles impressionnants. Vous retrouverez également l’architecture brugeoise, néo gothique et baroque. Au centre de la place Turenne, des concerts sont donnés les dimanches matin dans le kiosque à musique. Nous nous dirigeons vers Dunkerque en traversant le Jardin des Sculptures… modernes aménagé sur les anciennes fortifications. Nous voici devant la Chapelle Notre Dame des Dunes vierge vénérée par tous les marins.
Elle signale l’emplacement où, en 1406, aux côtés d’une statuette en bois, trouvée dans le sable, a jailli une source. La chapelle a été réédifiée en 1818. L’intérieur est impressionnant, le décor chaleureux avec sa multitude d’ex-voto ses maquettes de bateaux (certaines ont été volées) ses vitraux colorés. La statuette d’origine trône au dessus de l’autel. Un peu plus loin, en réfection, la plus vieille maison de Dunkerque (1702) appartenait au frère de Jean Bart. Nous traversons les « Ilots Rouges », maisons recouvertes de céramiques rouges bâties au milieu d’espaces verts et arrivons devant l’Hôtel de Ville reconstruit à l’identique après la dernière guerre en style Renaissance flamande. On imagine facilement le déferlement de la foule bariolée des carnavaleux !. C’est derrière que l’on a transporté la Noorporte un des derniers vestiges des remparts. Dans le jardin de l’armateur, une tourelle, le propriétaire y montait comme sœur Anne pour guetter l’arrivée de ses navires. Autrefois du haut de la tour Leughenaer des lumières faisaient échouer des bateaux. Nous revenons à Malo où un monument rappelle qu’environ 234000 soldats anglais et 112000 français ont pu gagner l’Angleterre en juin 1940 sous les feux nourris des allemands. Mon père y était.
Cette marche a aiguisé les appétits et le bon repas au restaurant L’Iguane a été fort apprécié. Après quelques instants de détente au soleil, départ pour le Musée Portuaire.
Celui ci a été créé en 1992 dans les anciens Entrepôts des Tabacs à l’initiative des dockers. De grandes peintures murales, d’innombrables photos, des maquettes de bateaux des vieux outils évoquent l’histoire de Dunkerque. A l’origine, c’était un simple village bâti autour de son église Notre Dame des Dunes. On y a toujours parlé le flamand bien que ce petit port sera successivement anglais, hollandais, espagnol au rythme des guerres, une tous les trente trois ans environ. En 1662, Louis XIV rachète le port, et, c’est le temps des grandes fortifications dues à Vauban. Jean Bart, le plus brillant corsaire du roi va s’illustrer, un quart des prises de navires seront réussies par lui. Il meurt à 52 ans. En 1713, la destruction des fortifications sera exigée par les anglais, Dunkerque redevient port de pêche. Au 19ième siècle, l’avènement des navires à vapeur va exiger de la main d’œuvre principalement des dockers. Ceux-ci déchargent le minerai à la pelle, ils transportent sur le dos avec l’aide de leurs crocs des balles de 100kg de coton ou de laine, pendant dix huit heures d’affilée. Ils doivent amener des rails jusqu’aux péniches ou trains pour le déchargement des marchandises. Un tableau réaliste nous montre des dockers attendant d’être choisis par le contremaître ce qui entraînait des inégalités entre les hommes. La carte professionnelle ne sera établie qu’en 1990. La baisse du fret, les progrès techniques réclament de moins en moins de travailleurs. En 1970 ils étaient 3000 dockers, en 1990, 500 seulement d’où les conflits . Jusqu’en 1940 le port s’agrandit avec écluses, darses, môles, et quais. C’est le 3ième port de France. De 1940 à 1945, Dunkerque est détruit à 90%. Après la guerre, on démine, on relève les ruines. En 1960, un bassin maritime parallèle à la mer est aménagé pour accueillir les navires dont les tonnages augmentent sans cesse. Des industries nouvelles comme Usinor s’implantent. De nouveaux métiers se créent, capitaine du port, pilotes de navire, officiers contrôleurs, équipage pour remorqueur, transitaires, gendarmes, douaniers… Aujourd’hui, le Port Ouest bénéficie de la profondeur (20 à 30m) de son avant port doté à l’entrée d’un appontement pour pétroliers. Il est accessible sans écluse, pourvu de 2km de quai et d’un puissant matériel de levage. Il peut accueillir les plus gros porte-containers. Un port de plaisance est mis en chantier. A la question sur la pollution, notre guide nous a répondu par cette chanson : « La fumée de nos usines, nous rend tuberculeux, on s’en fout, on a bonne mine, on est des carnavaleux ».
Visite ensuite du Musée Flottant « La Duchesse Anne ». Le trois mats, bateau école, Grossherzogin Elisabeth a été donné à la France en 1946 comme dommage de guerre!. Il reste à Lorient et Brest et… se délabre. Dunkerque l’achète pour un franc en 1981 et entreprend de le restaurer à l’identique. Il devient musée en 2001. 92m de long, 12m de large, le grand mat est haut de 18m et peut déployer 2060m2 de voilure. Ce bateau est très beau ! Nous descendons dans la cale. Ici, les 180 cadets disposaient de 3 douches et de 3 sanitaires. Le jeudi, bains dans des cuvettes et lessive dans l’eau restante !. Les élèves, mousses et cadets dormaient à tour de rôle (par quart) dans des hamacs rangés le matin pour faire place aux tables et bancs descendus du plafond. Ajoutons un nombre insuffisant de tous petits hublots, les règles d’hygiène étaient plutôt déplorables. A l’étage, les officiers disposaient de cabines, tables, sanitaires. Quant au capitaine, il disposait d’un appartement avec deux chambres d’hôte.
La journée a été totalement réussie, enrichissante. Un grand bravo à nos responsables Albert Dewinter et Léon Cousaert, merci à Jocelyne et André, amis dunkerquois, qui ont aidé à la découverte de Dunkerque.
Françoise H